attitude

27/03/2014 18:18

«Résoudre des mystères et comprendre le monde qui nous entoure nécessite du temps, des efforts et un bon travail d'enquête»

Ben Radford

 

 

Personne qui enquête à propos de la présence de fantômes, de démons, d'esprits, d'extraterrestres, et autres choses «bizarres et étranges».

(L'Association for the Scientific Study of Anomalous Phenomena (ASSAP) dresse une liste de 45 sujets d'enquête.

Le Dictionnaire sceptique en compte plus d'une cinquantaine.)

L'enquêteur paranormal se distingue du parapsychologue, ou chercheur psi en laboratoire, quoique certains enquêteurs paranormaux font également du travail de laboratoire.

 

Sur le terrain ou à distance

Certains enquêtent sur le terrain, tandis que d'autres préfèrent travailler de leur bureau, et lire les rapports de ceux de leurs collègues qui se rendent sur les lieux concernés.

Le travail de bureau est essentiel, puisqu'on ne peut aller partout où il y a matière à enquête.

Pour obtenir un tableau complet des enquêtes menées sur des événements dits paranormaux, il faut se fier sur les rapports d'autrui, même lorsqu'on travaille soi-même sur le terrain.

 

Vrais croyants, démystificateurs et négateurs

Quelques personnes acceptent ou rejettent les conclusions des enquêteurs paranormaux sans enquêter sur place ni étudier les rapports de ceux qui le font.

Il peut s'agir soit de «vrais croyants», soit de «négateurs».

Il est sans doute juste de qualifier de «vrai croyant» celui ou celle qui tient pour vrai les témoignages à propos de fantômes sans avoir mené d'enquête ni étudié de rapports à ce sujet.

Par contre, on se trompe en appelant «démystificateur» la personne qui rejette ce genre d'affirmations sans effectuer d'enquête ni lire les rapports qui en traitent.

Démystifier, c'est détromper les victimes d'une mystification, montrer en quoi ce qu'on tenait pour vrai est faux ou différent de ce que l'on pensait.

Nier n'est pas démystifier, et ceux qui adoptent une telle conduite devraient plutôt s'appeler «négateurs».

La démystification vient le plus souvent après enquête, quand on est en mesure d'établir les faits véritables entourant l'apparition d'un fantôme.

Même l'enquêteur en pantoufles peut démonter les cas les plus mystérieux après avoir étudié les rapports dressés par ses collègues sur le terrain.

Depuis des milliers d'années circulent des récits à propos de phénomènes étranges, et on enquête sur eux depuis de nombreuses années, sans avoir encore trouvé de preuves concluantes que les fantômes, par exemple, existent.

Quiconque connaît les histoires de fantômes et de lieux hantés et a étudié des rapports d'enquêteurs paranormaux pourrait avoir tendance à rejeter sans enquête personnelle les affirmations voulant qu'un fantôme ait été vu, ou qu'un esprit malin hante une maison.

En effet, comme il n'y a aucune preuve scientifique que les fantômes, esprits ou extraterrestres existent, les chances qu'un signalement quelconque soit vrai demeurent minces.

L'attitude du négateur semble donc plus raisonnable que celle du vrai croyant, qui accepte la véracité de ce qu'on lui raconte sans la moindre vérification.

On ne devrait pas prétendre savoir que les fantômes n'existent pas, pas plus qu'on ne devrait affirmer savoir avec une certitude absolue qu'une enquête sur un lieu hanté ne pourra pas aboutir à une explication naturelle ou surnaturelle.

Même un négateur devrait reconnaître la possibilité que la prochaine histoire de fantôme dont on entendra parler soit vraie, même si la chose demeure fort improbable.

 

 

Qualité variable des enquêteurs

Comme on l'a déjà dit, il y a beaucoup de sujets sur lesquels un enquêteur peut se concentrer.

L'un des domaines les plus populaires ces temps-ci demeure les fantômes et les lieux hantés.

 

Il y a des centaines, peut-être des milliers d'enquêteurs, en groupes ou non, de par le monde.

Une recherche du terme «paranormal investigator» dans Google le 15 avril 2010 a donné 686 000 résultats. Plusieurs émissions de télé populaires aux É.-U. portent sur des gens qui enquêtent à propos de lieux dits hantés. Un enquêteur scientifique n'entame pas son travail en pensant que l'endroit sur lequel il enquête est hanté.

On fait enquête pour en apprendre plus long sur ce qu'affirme autrui, de même que pour tenter de découvrir la ou les causes d'événements apparemment paranormaux.

L'objectif ne devrait pas être de confirmer ni d'infirmer l'existence de quoi que ce soit.

Même la police s'y met.

Larry Potash, de WGN à Chicago, a raconté que certains agents de police de la ville travaillent comme détectives métapsychiques durant leurs loisirs; ils troquent leurs armes de service pour des détecteurs de champs électromagnétiques et des caméras à infrarouge pour enquêter sur des lieux qu'on suppose hantés.

L'un d'eux affirme que les revenants dégagent une énergie que peuvent capter des détecteurs de champs électromagnétiques.

A-t-il lu ça dans le manuel d'instruction de l'appareil? Pourquoi ne pas employer un hygromètre? Peut-être que les fantômes dégagent de l'humidité... Ou bien une boussole? Les esprits créent peut-être des champs magnétiques qui pointent vers le nord!

Les agents semblaient méconnaître le fait que les systèmes de communication utilisés par la police, de même que bien d'autres facteurs, peuvent avoir un effet sur leurs détecteurs.

On peut hocher la tête quand des hommes d'âge mûr - des agents de police - perdent leur temps à courir après des apparitions, mais les choses deviennent franchement décourageantes quand on constate qu'ils le font avec la bénédiction de leurs chefs.

Quand on a rappelé aux policiers comme à leurs supérieurs que devant les tribunaux on pourrait remettre en question la crédibilité de témoignages venant de chasseurs de fantômes, le patron des policiers en question s'est contenté de dire qu'on verrait en temps et lieu.

WGN a fait plus que soulever des questions sur le travail des détectives métapsychiques et sur les effets négatifs qu'une telle activité pourrait avoir sur la confiance du public envers ses policiers, elle a fait intervenir James Underdown, du Independent Investigations Group, afin qu'il montre de quelle autre façon on peut enquêter sur le paranormal.

Underdown compte sur son sens critique, outils bien plus précieux que n'importe quel détecteur, et cherche des explications naturelles aux courants d'air mystérieux, aux portes qui se referment toutes seules et aux bruits étranges.

Les flics de Chicago semblent sincèrement croire en la validité de leurs enquêtes, et ils sont prêts à subir des moqueries pour leurs activités, du moins tant que leur patron les couvrira, mais ils ne contribuent nullement à donner une bonne réputation aux enquêtes sur le paranormal.

 

L'enquêteur scientifique

L'enquêteur scientifique aborde son activité avec un esprit ouvert.

Il rassemble et examine autant d'éléments de preuve qu'il est raisonnable de le faire, crée des hypothèses et tente de les réfuter.

Oui, le scientifique tente de réfuter, et non de valider ses hypothèses.

Chercher à valider ses hypothèses, c'est courir le risque de succomber au biais de confirmation, et de ne chercher que ce qui correspond à ce que l'on croit, tout en laissant de côté systématiquement les preuves contraires.

Afin de garder l'esprit ouvert, le scientifique, comme tout bon détective, ne doit pas formuler d'hypothèses trop tôt, car nous avons tous tendance à vouloir confirmer nos hypothèses plutôt qu'à les infirmer.

À moins d'avoir de la chance et de tomber sur la bonne réponse du premier coup, on risque d'en arriver à un ensemble de preuves convaincantes pour une théorie dénuée de fondement.

(L'étude du profilage des criminels donne de bons exemples du danger que représente la formation d'hypothèses trop tôt au cours d'une enquête.)

On ne saurait trop insister sur l'importance qu'il y a à rassembler des données pertinentes à l'enquête de façon à ce que nos biais ne nous portent pas à nous détourner de pistes prometteuses.

L'enquêteur scientifique connaît également l'utilisation et les limites de la technologie qu'il emploie.

Ses principaux outils devraient être la pensée critique et une bonne dose de scepticisme.

S'il emporte avec lui une caméra ou un enregistreur, c'est à des fins de documentation, et non comme outils d'identification d'«esprits» ou de «démons».

Quand on utilise un appareil de mesure quelconque, on doit effectuer des lectures à des heures et des jours différents.

Un vrai scientifique cherche d'abord à écarter toute explication naturelle et évidente des phénomènes paranormaux.

Quand une porte se referme derrière lui, il ne pense pas «fantôme de grand-maman»; il pense plutôt au vent ou à la gravité.

Quand des coups ou des grattements se font entendre dans la pièce du haut, il ne pense pas «esprit d'un visiteur autrefois assassiné»; il pense à des écureuils, des rats ou des branches effleurant le toit.

Quand survient un changement de température, il ne se dit pas: «Satan est parmi nous»; il pense à un courant d'air ou à une caractéristique architecturale quelconque à étudier.

En sentant une présence mystérieuse, il songe à des infrasons plutôt qu'à des revenants.

Devant ce qui ressemble à une lumière ou une forme humaine qui se déplace sans cause apparente, il se demande si ce n'est pas son cerveau qui lui joue des tours, et s'il n'y a pas une cause matérielle à ce qu'il perçoit.

L'enquêteur scientifique effectue tout le travail de base nécessaire avant de se rendre sur les lieux de l'enquête, y compris la recherche historique et les entrevues avec des témoins.

Un bon exemple nous vient de Ben Radford.

Nous apprenons que l'équipe des chasseurs de fantômes de Ghost Hunters International s'est rendue à Montego Bay, en Jamaïque, pour enquêter sur «un des lieux les plus hantés au monde»: Rose Hall, fréquenté par l'esprit d'une mégère du nom d'Annie Palmer, la «sorcière blanche de Rose Hall».

 

... Annie Palmer est en fait le personnage principal d'un roman jamaïcain célèbre, The White Witch of Rose Hall, publié en 1929 par Herbert G. de Lisser. Il n'y a jamais eu d'Annie Palmer, ressemblant ou non à la sorcière blanche. Pas d'Annie, donc pas de fantôme d'Annie. Rose Hall, la «maison la plus hantée de l'hémisphère» et même «du monde entier» n'est qu'un simple mythe que des enquêteurs négligents ont fait passer pour un fait réel.

Comme l'a déjà dit le psychologue Ray Hyman: n'essayez pas d'expliquer les choses avant de vous être assurés qu'elles ont bel et bien eu lieu.

Quelque personnes ou groupes se sont mérité la réputation d'enquêteurs scientifiques en matière de paranormal: Joe Nickell, Ben Radford, Jan Willem Nienhuys, Richard Wiseman, Chris French, Massimo Polidoro, Luigi Garlaschelli, Karen Stollznow, le Independent Investigations Group, la Skeptical Analysis of the Paranormal Society (SAPS) et une bonne partie de l'Association for the Scientific Study of Anomalous Phenomena (ASSAP).

Certains pourraient se rebiffer devant ces exemples, car à l'exception de l'ASSAP, il s'agit de personnes ou de groupes liés à des organisations de sceptiques.

 Les sceptiques, quant à eux pourraient s'opposer à l'inclusion de l'ASSAP dans la liste en raison de l'histoire de son organisme.

Si l'on comprend ce qu'est vraiment un sceptique, autrement dit, si on ne le confond pas avec un négateur, on ne devrait pas hésiter à en inclure dans la liste.

Rappelons que tout bon scientifique doit être sceptique; aucun scientifique digne de ce nom ne se retrouvera dans les rangs des négateurs.

Le scientifique doit garder l'esprit ouvert; il doit être prêt à se pencher sur des affirmations qui se révèleront sans doute sans fondement et à tester des hypothèses diverses dans la recherche de la vérité.

Il faut reconnaître qu'il y a un peu de tout au sein de l'ASSAP.

Dans le domaine des fantômes et des lieux hantés, elle semble sceptique et prête à adopter une approche scientifique.

Au sujet de choses comme la régression à des vies antérieures, la vision à distance, la résonance morphique (Rupert Sheldrake est membre de l'ASSAP depuis longtemps), l'«opération lightning strike» et autres sujets paranormaux du genre, l'ASSAP penche beaucoup plus du côté des «vrais croyants».

 

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... il est absolument interdit de fumer durant une enquête.

 

... il est absolument interdit de consommer de l'alcool avant ou pendant une enquête.

 

 

Nous ne prenons pas de photos dans de mauvaises conditions météo.

 

Nous ne prenons pas de photos à partir de véhicules en mouvement, à cause de la poussière qui peut être soulevée.

 

Les lentilles des appareils de prise de vue sont nettoyées sur les lieux mêmes de l'enquête avant qu'elle ne débute.

 

 

Nous tentons de couvrir tous les miroirs ou toutes les surfaces réfléchissantes se trouvant sur les lieux de l'enquête.

 

 

 

Lorsqu'une photo anormale est prise à l'aide d'un appareil numérique, plusieurs autres clichés sont faits en succession rapide du même point de prise de vue afin d'exclure toute explication naturelle.

 

On doit faire preuve de respect envers les cimetières, champs de bataille et résidences privées en toutes circonstances.

 

Il faut toujours se servir de supports d'enregistrements vierges lorsqu'on cherche à saisir des phénomènes de voix électroniques par des appareils analogiques.

 

On doit garder le silence absolu durant les séances d'enregistrement de voix électroniques, sauf dans le cas de la personne choisie pour poser des questions.

Si malgré tout quelqu'un produit un bruit quelconque, on doit en donner l'explication à voix haute pour qu'on puisse identifier le bruit en réécoutant la bande.